Zibi, 10 ans plus tard
Par Julien Paquette, Le Droit
16 décembre 2023 à 04h00|
Dream, l’entreprise derrière Zibi a été un peu moins visible au cours des dernières années. Il fallait pratiquement se rendre sur les lieux à pied pour constater la progression des travaux, particulièrement sur la rive ontarienne en raison de fermetures consécutives de la traverse des Chaudières. (Patrick Woodbury/Le Droit)
En décembre 2013, une foule provenant des deux côtés de la rivière des Outaouais se réunissait au Musée canadien de l’histoire pour indiquer ce qu’ils espèrent du réaménagement des îles Chaudières, difficiles d’accès depuis des décennies en raison de la forte présence industrielle. Dix ans jour pour jour après cet événement, lundi, l’entreprise Dream inaugurait le huitième édifice du projet Zibi.
L’acquisition des terrains de l’entreprise Domtar a suscité un élan d’enthousiasme en 2013, particulièrement au conseil municipal de Gatineau où les élus, tant indépendants que ceux du parti Action Gatineau, y voyaient une bougie d’allumage pour la revitalisation du centre-ville.
Dream, l’entreprise derrière Zibi a été un peu moins visible au cours des dernières années. Il fallait pratiquement se rendre sur les lieux à pied pour constater la progression des travaux, particulièrement sur la rive ontarienne en raison de fermetures consécutives de la traverse des Chaudières.
L’organisation d’événements comme le Festibière et des spectacles du Cirque du Soleil à la Place des Festivals de Zibi a amené un peu plus de trafic du côté gatinois du projet.
Le vice-président au développement pour Dream, Justin Robitaille, soutient qu’il est normal que le développement du site ait été plus invisible durant les premières années après l’obtention de toutes les permissions requises, tant à Gatineau qu’à Ottawa.
En plus de nettoyer le terrain, contaminé par des décennies d’usage industriel, un réseau d’aqueduc et un système carboneutre de chauffage et de climatisation ont été installés sur le site. La chaleur créée par l’usine Kruger sur la rue Laurier et l’eau de la rivière sont utilisées respectivement pour chauffer les bâtiments l’hiver et les refroidir l’été.
Le plus récent immeuble à ouvrir ses portes sur les îles Chaudières offrira une toute nouvelle expérience de cohabitation dans la capitale fédérale. (Simon Séguin-Bertrand/Le Droit)
«Quand nous avons acheté les terrains, il n’y avait pas les infrastructures de base comme les égouts, les routes et l’éclairage de rue. Nous partions de zéro», renchérit le président-directeur général de Dream, Michael Cooper.
Transformé par la pandémie
Dès les débuts de Zibi, la création d’une communauté complète était au cœur du projet. Windmill Developments – qui a transféré ses responsabilités à Dream dans les dernières années –, souhaitait que les résidents puissent subvenir à l’ensemble de leurs besoins à distance de marche grâce à l’inclusion d’espaces commerciaux.
Or, la présence d’entreprises sur le site tarde à se faire sentir.
«Avant la pandémie, il y avait de l’intérêt de certains commerçants pour ouvrir un deuxième local à Zibi. Plusieurs de ces plans ont été mis de côté en raison de l’incertitude qui régnait à l’époque», explique M. Robitaille.
Dans ces circonstances, l’entreprise s’est concentrée sur l’aspect résidentiel du projet, ajoute le vice-président au développement de Dream. L’idée est d’ajouter une masse critique de clients potentiels sur les lieux pour convaincre les commerçants de venir s’y installer.
«Nous commençons à sentir cet intérêt, notamment avec la construction du Bloc 206 qui est en cours et les locations qui commencent aux Aalto 1 et 2», soutient Justin Robitaille.
Le projet Zibi enjambe la rivière des Outaouais et est donc en Ontario et au Québec. (Simon Séguin-Bertrand/Le Droit)
Ce dernier voit d’ailleurs d’un bon œil l’ouverture prochaine d’un supermarché dans l’édifice WE II du Groupe Heafey.
Ce dernier ajoute que la pandémie a aussi placé à l’arrière-plan des travaux pour la construction d’édifice à bureaux qui auraient été loués à la fonction publique fédérale.
«Nous avons un projet prêt avec un permis de construction valide», advenant un retour forcé des fonctionnaires en présentiel, insiste toutefois le vice-président de Dream.
En attendant, la prochaine étape sera la construction de deux autres immeubles à vocation résidentielle. Un à Ottawa, à côté de l’édifice inauguré lundi dernier et un autre à Gatineau, au sud-est de l’intersection des rues Eddy et Laurier, affirme Justin Robitaille.
La cohabitation, modernisée
Le plus récent immeuble à ouvrir ses portes sur les îles Chaudières offrira une toute nouvelle expérience de cohabitation dans la capitale fédérale.
L’entreprise américaine
Common Living y fait son entrée dans le marché canadien, avec son expertise en gestion d’une formule de cohabitation modernisée.
Les locataires des lieux partagent une section commune avec trois ou quatre autres personnes, mais peuvent verrouiller la porte de leur chambre, un peu à la manière de résidences étudiantes.
«Nous en faisons beaucoup pour éliminer les sources de tension entre colocataires. Nous offrons un ménage régulier et nous prodiguons les biens partagés comme le papier de toilette, les mouchoirs et autres», explique le vice-président de
Common, Matthew Micksin.
«Vous pouvez emménager dans un magnifique bâtiment comme celui-ci à un prix qui est 30 à 40% inférieur à celui d’un appartement d’une chambre, dans le même secteur, ajoute M. Micksin. Vous pouvez remplir votre demande en ligne et si vous avez votre place, vous pouvez emménager tout de suite en n’ayant qu’une valise en main. Pas besoin de meubles ou d’aménager l’espace. Tout est compris. Ça fait partie du loyer.»
Le président-directeur général de Dream, Michael Cooper, croit que le marché d’Ottawa-Gatineau se prête parfaitement à ce concept de cohabitation moderne qui sera offert dans près du quart des unités au sein de ce nouvel édifice. Les étudiants, certes, mais des plus vieux aussi.
«Plusieurs personnes passent beaucoup de temps dans leur chalet et qui sont seulement en ville une partie du temps. Je crois que plusieurs personnes seront heureuses d’avoir une résidence secondaire et une belle chambre à coucher dans un magnifique bâtiment», affirme M. Cooper.
Ce dernier n’écarte pas de se tourner vers ce modèle à nouveau, dans un autre futur bâtiment de Zibi.
«Nous sommes très excités d’obtenir de la rétroaction. On espère que ce soit positif, soutient le grand patron de Dream. Ce mode de cohabitation, c’est un grand engagement parce qu’on doit construire des unités avec quatre ou cinq chambres à coucher, ce qui est bien différent de ce que nous construisons généralement. Si ça ne fonctionne pas, il faut tout réaménager.»
Une place pour les plus vulnérables
«Si nous allons rendre Ottawa plus abordable pour tous et mettre fin à l’itinérance chronique, il nous faudra probablement plus de projets comme celui-là», s’est réjoui lundi le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe.
Non, le maire Sutcliffe ne faisait pas référence au loyer moins élevé des locataires de
Common Living, mais plutôt de la présence d’un troisième partenaire dans l’édifice: la Société de logement communautaire d’Ottawa (SLCO).
Le directeur général de cette organisation, Stéphane Giguère, semblait d’ailleurs de bien bonne humeur durant l’événement pour inaugurer l’immeuble.
«Regardez autour de vous, la vue qu’on offre aux locataires de logements abordables. C’est exactement la même vue que les gens qui vont payer un loyer à la valeur courante du marché. C’est important de reconnaître que c’est un projet inclusif, qui fait en sorte que les gens ne sont pas définis par leur adresse, mais bien par qui ils sont», s’est exclamé M. Giguère en entrevue avec
Le Droit.
La SLCO va gérer deux des 22 étages – soit 19 logements pour accueillir des personnes à faible revenu – dans l’édifice Common qui est situé au 300, privé Miwàte.
«Pour nous, ce qui est important, c’est toute la notion de valeur entre les entreprises, ajoute le directeur général de la SLCO. Common amène quelque chose qui est très proche des valeurs de la Société communautaire de logement d’Ottawa, l’aspect de bâtir des communautés fortes, à l’intérieur même des murs d’un édifice.»
En décembre 2013, une foule provenant des deux côtés de la rivière des Outaouais se réunissait au Musée canadien de l’histoire pour indiquer ce qu’ils espèrent du réaménagement des îles Chaudières, difficiles d’accès depuis des décennies en raison de la forte présence industrielle. Dix ans jour...
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